RODIN : BALZAC, L’HISTOIRE D’UN CHEF-D’OEUVRE

Middelheim Museum, Antwerpen, 12/10 - 14/12/2008.

L’idée de l’hommage examinée : Emilio López-Menchero

http://www.middelheimmuseum.be/eCache/MAN/30/00/069.cmVjPTgwMjM0NDI.html

Le Middelheim Museum d’Anvers possède le premier bronze du chef-d’œuvre d’Auguste Rodin, la sculpture “Balzac” (1892 – 1897) ou encore dénommé par les historiens le “Balzac monumental” pour le définir parmi toutes les esquisses et sculptures préliminaires réalisées pendant la longue période de genèse de l’œuvre.

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En 2002, j’entrepris, par boutade à une remarque qui me fut faite sur ma ressemblance à Honoré de Balzac, d’aller jusqu’au bout du défi, celui d’essayer “d’être” Balzac à partir de tous les portraits photographiques, sculpturaux et littéraires qui nous en restent du personnage.

Je me mis à mimer toutes les poses comme un processus performatif sous forme d’une suite d’autoportraits photo et vidéographiques intitulée “Trying to be Balzac”.
Je le fis de manière exhaustive telle une expérience scientifique réelle, une sorte de dissection.

Pour réaliser cette série de poses avec précision, je me rendis à la bibliothèque du Middelheim et au Musée Rodin à Paris pour une confrontation aux œuvres et d’en comprendre les méandres.

Aussi une lecture du texte de Rosalind Krauss sur le rapport qu’entretenait Balzac à la photographie eu un impact considérable dans mon entreprise.

Il existe très peu de traces photographiques de l’écrivain, tout juste un daguerréotype. Sa croyance en la théorie des spectres en est la raison. Théorie où chaque photographie prise du sujet lui prélèverait d’une partie des spectres de lumières constituant l’ensemble de son corps.

L’inversion des rôles par le stratagème de la parodie me sembla provoquer une réaction en cascade de flux de références.

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J’étais intrigué par le transfert d’un médium à un autre, de la photo à la sculpture et vice-versa, de la photo à la vidéo, de la performance actée au dessin.

Rodin s’inspira puis rejeta le fameux daguerréotype d’Auguste Buisson que Nadar possédait. Pour approcher l’essence fondamentale de son sujet et non le reflet superficiel d’une image, Rodin fit un pas plus loin en réalisant ce que nous pouvons appeler aujourd’hui un “casting” en cherchant un sosie dans la région d’où Balzac était originaire, qu’il trouva et dénomma le “conducteur de Tours”.

Ce sosie devient modèle et surtout le substitue par subterfuge.

Rodin avait une appréhension par rapport au médium photographique. L’aspect mécanique de la technique était en contradiction avec sa conception de l’œuvre d’art.
Néanmoins plus tard, les qualités poétiques des photographies nocturnes d’Edward Steichen du Balzac monumental lui induire un doute réel à ce sujet.

Je me rendis surtout compte en mimant toute les poses et en les photographiant que l’ensemble de toutes les représentations constituait un tout faisant partie de notre mémoire collective, un tout reconstruisant l’idée d’un “Balzac” à multiples visages et silhouettes.

Six ans plus tard Menno Meewis, directeur du musée m’appela pour que je participe à l’élaboration d’un projet tournant autour de l’œuvre de Rodin et aussi autour de Balzac même. C’était une exposition qui devait se faire en collaboration avec le musée Rodin de Paris qui prêterait toutes les esquisses et bronzes intermédiaires réalisés par le sculpteur et cela devait se faire pendant la "quinzaine française".

Pour moi commença alors une double quête :
d’abord retrouver et montrer tout ce que j’avais entrepris concernant le Balzac, notamment toutes les séances de poses reprenant toutes les phases de l’élaboration de l’œuvre et reprendre la vidéo "Trying to be Balzac" ;
mais aussi réaliser une réelle confrontation face aux œuvres du maître du XIXème.

Je me mis en tête de transcender par touches et interventions successives, le lien entre le sculpteur Rodin et l’écrivain Balzac. Mais aussi ce que je nomme les liens collatéraux c’est-à-dire le lien à la photographie, notamment au daguerréotype de L-A. Buisson (Balzac à la bretelle, mai 1842) et par conséquent à Nadar, propriétaire de ce dernier et l’ayant transmis à Rodin, mais aussi à Edward Steichen (l’auteur des photos nocturnes du Balzac monumental).

Pour cela un élément faisait le lien fondamental : la pose.
Balzac s’intéressait à ce qu’il appelait la démarche des personnages, Rodin cherchait lui à transmettre l’essence de l’artiste par sa pose...son attitude.

Le Napoléon des lettres ou la pose léonide, puissante, créatrice, viril, romantique et par extension ou plutôt extrusion, expressionniste...
Mon interrogation portait sur la signification de cette figure, dans ce lieu-là à Anvers en l’occurrence et aujourd’hui en 2008.

La pose ici, aujourd’hui qu’en est-il ?

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Pour cela j’entrepris de photographier tous les artistes anversois que je connaissais en leur demandant de prendre une pose, la leur.
De cela j’en fis une projection en boucle, un diaporama dans le grand salon du "kleene casteel".

En ligne de mire du regard du Balzac dans le parc, je dressais un panneau de même taille mais plan représentant le stéréotype de la femme (picto des WC), Madame Balzac.

Et dans le pavillon Braem (du nom de l’architecte) qui abritait tous les bronzes venus de Paris, une ligne à hauteur d’yeux montrait toutes ma série trying to be Balzac


et dans une petite salle annexe la vidéo du même titre.

Ici quelques poses anversoises...
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Emilio López-Menchero, artiste espagnol vivant à Bruxelles.

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Emilio López-Menchero
Atelier : 25 rue Ransfort, 1080 Brussels
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